Rouge (Nation)
C’est une couleur gaie, oui, sur nos habits, sur les feuilles des arbres, sur les lèvres des femmes.
C’est quoi le Rouge ?
C’est le raccourci pour communiste, c’est le sang.
Le Rouge c’est la Révolution.
A la station Nation, ce n’est pas exactement le rouge de la révolution, non, c’est un rouge-bordeaux, un rouge usé, un rouge fané, délavé, délaissé des laissés-pour-compte.
C’est un rouge-enclos, un rouge-exclusion, un rouge-chacun-pour-soi. C’est le rouge du sang parfois, oui. Lorsque l’homme s’y est blessé en récupérant de la monnaie dans quelque coin tranchant, quand il a ouvert sa canette de bière à la finition bon marché, quand il a perdu une dent ou quand il crache son sang. Il y a du rouge-vif parfois, quand l’homme a voulu s’oublier dans quelques substances toxiques. Son corps alors, est un ballon tout rouge, reluisant.
C’est un rouge-rideau, un rouge-spectacle quand les passants s’approchent du quai pour s’éloigner de ces cabines et qu’ils regardent sans intérêt l’ombre de ces hommes.
Ce rouge-Nation est insoutenable.