Exilée

Une éclaircie.
C’est ce qu’a été pour moi Nancy que j’ai connu tout d’abord de nuit.
J’ai traversé la place Stanislas, j’ai longé la Pépinière jusqu’au Palais du gouvernement faisant un saut dans le temps. Ce n’était d’ailleurs pas si difficile à se figurer cette époque, je venais de voir Mademoiselle de Joncquières au cinéma.
J’ai continué sur la Grande Rue jusqu’à la Porte de la Craffe. J’ai longé la maison Art-Nouveau à l’angle de la rue des Glacis et j’ai poursuivi tout au bout de la rue de Metz. Il faut dire que j’étais très bien accompagnée : mon hôte connaissait par cœur toute l’histoire du lieu.
Je retrouvais la ville, aussi et surtout.
Cette habitude et cette envie de voir beaucoup de monde, et je parle de multitude, est quelque chose dont je ne pourrai jamais me défaire.
Quand je suis triste, je prends toujours une place pour un concert et je me colle à tout le monde dans la fosse, je danse jusqu’à perdre mon souffle, je bois trois Perriers au comptoir et je rentre chez moi, neuve.
Le fou rire de cette jeune femme dans le Musée de l’école de Nancy résonne encore depuis ma petite chambre dans ce village. J’ai eu l’impression de retrouver cette légèreté que je rencontre dans le métro. Une semaine hors de la ville et me voilà rêvant d’annonces de métro parisiens, de foules s’agglutinant contre les portes (moi incluse), de fous rire. Vous avez plus de chance d’entendre un fou rire (et de le voir) dans une grande ville que dans un petit village. Question de probabilités !
C’est dans cette liberté retrouvée, ce flux inconstant et rebelle, que j’ai pu écrire ce poème.

J’irai contre la loi.

Tu auras vingt-huit étoiles
Sept sur le cœur
Sur le bord des lèvres, sept
Sur le revers de ta main, sept
Et sur tes frontières éphémères, 33500.
Trente-trois mille cinq cent étoiles
Pour cette sinistre constellation
Que les yeux ne voient pas.

Cette nébuleuse qui n’éclaire plus
Notre blessure que tu as ouverte
Jusqu’aux fonds des mers.

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