GFY
« À bas le chat, à bas le chat » murmure un enfant.
Il s’accroche à la grille, la démonte, il souhaite la réduire en poussière, poursuivre le chat, l’éventrer et mettre ses cuisses à sa bouche pour le repas dominical.
« A bas le chat » continue-t-il de crier, la bouche en sang.
Une mise à mort, chouette ! Depuis mon hamac, j’assiste enfin à une nouveauté.
P.I.M.P résonne dans les hauts parleurs. La rue s’est ennuyée des chants d’oiseaux, la mésange, la tourterelle, les merles et les merlettes, les pies. Le voisin d’en face commence à tirer. Le con, il vise dans le mille. Mon hamac se recouvre de plumes. Je n’ai jamais été aussi confortable.
Je me balance, je me tiens à la toile et fais le grand huit. La fête foraine est en avance dans le quartier. J’ai lancé les feux d’artifice en pleine journée, on ne voit rien, mais quel tonnerre de bruit enfin. Les Mercedes laissent sur la route une traînée blanche, cette cocaïne qui arrive si tard maintenant que j’ai la nausée du petit manège. Les chats se sont mis à lécher la route. On ne distingue plus les femelles des mâles, l’heure n’est plus à la cour ni à la procréation, mais au crime.
Quelques amis passent, la larme à l’œil, « ma pauvre », disent-ils, « quelle peine de te voir immobile ».
Ils glissent sur la chaussée, se brisent le crâne, les chats les dévorent.
« Mince ! » s’écrit une autre amie, avant de se faire happer par la seule pie anthropophage du quartier.
La mer est rouge maintenant.
Qui a dit que je ne pouvais pas nager ?