Jungle fever
Maintenant que tu pèses si lourd sur mes paupières
Je revois l’eau turquoise sous les canoës
Profonde, la jungle marine
Ma peau bronzée
Le barracuda sur wasabi
Leur voilier comme horizon pacifique
Sous les feuilles, l’eau de coco fermentée
Hilares torses rosés au milieu de la nuit
Bob Marley le long d’Ahmed
Et ce café vietnamien que tu ne finiras pas.
Je revois Clarke Quay
Le rayon de philosophie climatisé
Cabines téléphoniques pour amoureux éconduits
Lionnes au crayon à papier sur lettres prêtes à jeter
« Never try, never know » que tu m’as laissé
La sueur à chaque coin de peau
Le campus à l’américaine
Et le soleil routinier.
Je revois la baise sous les ventilateurs
Nos ombres tournoient, chavirent
Ses habits mormons s’effondrent au pied du lit.
L’Inde, l’Irlande, l’Angleterre, l’Allemagne,
La Chine, l’Indonésie, l’Afrique,
Le Sud–Est de la France, l’Australie, l’Égypte,
Les Pays-Bas, ce Toulousain…
Les nuits s’allongent sous des journées brûlantes.
Vingt-trois ans déjà.