Les fleurs s’ouvrent

Ce n’est pas tous les jours qu’on mange une fondue taïwanaise avec, en fond musical, « Vamos a la fiesta ». J’ai décidé aujourd’hui de prendre la vie « cool », c’est-à-dire de ne rien faire. Je suis assise sur le hamac en kit de mon amie Irene, en plein milieu du salon avec trois chats bagarreurs et mangeurs et j’entends les dix matchs de baskets qui ont lieu en face de la fenêtre. Les installations sportives de la faculté d’en face sont remarquables : dix terrains de basket, 4 terrains de volley, un terrain de tennis, un terrain de foot et une piste pour la course. Il manque la piscine, et c’est là tout mon malheur !

Aujourd’hui j’ai deux fantasmes:
Manger des fruits mûrs de saison et bio (sans pesticides, sans OGM etc.)
Expérimenter la liberté

Je m’explique, les fruits que je vois ici, sont d’une taille suspecte (énorme) et d’une forme parfaite. Si, je l’espère, ils ne sont pas traités au formol comme la poire que j’avais achetée en 2012 à Pékin à mon arrivée en mars, et que j’avais gardée intacte jusqu’à mon départ en juillet sur mon frigidaire, ils sont toutefois modifiés.

J’ai ainsi le fantasme de porter à ma bouche un fruit naturellement mûr, de saison et imparfait. J’ai envie de goûter à nouveau aux figues d’un terrain délaissé dans la région de Venise en plein été, ou bien, des cerises à la fin du printemps dans un terrain privé mais non surveillé, quelque part en Provence. Le fruit, me semble aussi rare qu’au 15e siècle. Où la mangue à point ? Où l’abricot mûr ?
Et je veux le fruit seul, comme un véritable luxe que je m’offrirais, sans sucre, sans glace, sans flan. Ici les coupes de fruits « frais » sont agrémentés de glace pilée, de sucre, de flan, et d’autres condiments. Hélas, je demande toujours les fruits seuls et je reçois toujours une réponse négative. Ça ne se fait pas, tout simplement.

La soudaine envie de partir en campagne pour cultiver un verger me prend, puis me délaisse. J’aime trop la ville pour partir loin, et je n’ai pas assez d’argent pour m’offrir le luxe d’un jardin.

L’autre fantasme est celui de la liberté. Je crois qu’on peut dire qu’un gouvernement qui aime son peuple peut se mesurer au degré de liberté qu’il lui donne. Car enfin, l’amour est de chérir le libre-arbitre de l’autre. C’est en cela, il est vrai que la liberté peut en effet être l’antagoniste de la possession. Je choisis d’être là parce que je le veux et peux repartir sur le champ parce que je le veux.
Ce qui m’amène aussi à me demander, jusqu’où va mon libre arbitre ?

J’ai éprouvé hier, à la station de métro « TAIPEI MAIN STATION », « le vertige du déjà-vu». A deux doigts de m’évanouir tant je trouvais cela absurde: cette station ressemblait à celle de la Gare du Nord à Paris.

Qui construit les villes ? Et qui choisit ?

En 2011 j’avais questionné Umberto Eco au Forum du Libé qui se tenait à Lyon: il disait que toutes les villes se ressemblaient. La salle était consternée. Pourtant, il n’a pas foncièrement tort. Des choix sont pris au point que les grandes villes ont de grandes similitudes. Et je me demande, suffit-il maintenant de foutre plusieurs milliers de parisiens dans cette station pour que je me sente à Paris ? Heureusement, la culture, plus forte sûrement, m’indique que nous ne sommes pas à Paris, une certaine mode vestimentaire, l’allure, le physique, les odeurs, la langue, le bruit ambiant…

L’odeur est salée dans le métro, et aucune odeur de pisse dans les couloirs, plutôt celle d’une sauce soja mêlée à d’autres odeurs. Il faut le dire, c’est très clair, difficile de se perdre en prenant le métro ou de le prendre dans la mauvaise direction. Et ça c’est très appréciable.

 

Texte de la photographie (approximatif) qui n’est autre que ma prédiction délivrée par le temple :

Les fleurs s’ouvrent, et les fruits sont mûrs, tu peux les prendre.
Tu seras riche et connue jusqu’à ta mort.
Les gens mauvais et les bonnes personnes seront réunis.
Tout va bien, ne t’inquiète pas.

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